samedi 26 janvier 2019

La grande odyssée : FINISHER

Bilan final de la course :
Une course remarquable avec une organisation impensable avec show à l'américaine ( feu d'artifice spectacle) . Des pistes d'une beauté incroyable . Passage dans les cols mythiques ( Mont Cenis, revard). Une ambiance entre mushers vraiment de grande qualité, et j'irai jusqu'à dire une entraide particulière. Voilà ce que je peux dire d'une façon générale.
De mon coté personnel, la course fut extrêmement difficile. Mon niveau physique est largement en dessous des autres mushers. Mes vieux chiens ont fait de leur mieux pour aller au bout. Je vois bien que c'est leur dernière année avant la retraite. Il fallait absolument faire cette course avant leur terrible fin. Aussi j'ai du prendre mon courage à deux mains car il faut bien dire qu'avant la course personne ne pariait 1 pièce pour que je puisse être finisher. 
Dès le début, le temps n'était pas de la partie. La neige a bloqué de nombreux mushers, rendant impossible la montée du col avec les véhicules. J'ai du aller secourir Aurélien Froidure avec mon 4x4, qui, monté avec des pneus neige, passait absolument partout. Je fut étonné par la capacité des chiens à me tirer, sachant que je ne poussais que peu par rapport aux autres mushers qui courraient derrière les traineaux. Le boulot que je ne savais faire, c'est eux qui arrivaient à le faire. Ils m'épatent. Je leur fait confiance, ainsi que dans les virages où ils m'obéissent parfaitement. Tout se passe au mieux. 
La deuxième étape se passe encore mieux. Nous montons les petits murs et les pentes facilement. Je suis content. 
L'étape des Gets a failli être catastrophique. Les 10 premiers kilomètres se sont bien passés. J'ai doublé Armand De haro et Sonia frey. Nous longeons les crêtes avec un paysage inoubliable. Je regardais ce spectacle quand je fut surpris par un virage sec en dévers. Et là ce fut la chute. Assommé au sol. J'ai tout de même réussi à stopper le traineau avec l'ancre. Il fallait donc descendre le col pour rejoindre le checkpoint tout en bas. J'ai mis un temps fou car la tête me tournait. Accueilli par Thibaut, j'ai pu retrouver mes esprits et repartir . Je ne voulais absolument pas abandonner suite à toute cette préparation intense depuis des mois. Aussi, c'est tout doucement que je décide de repartir et finir l'étape dans le noir. J'apprends en cours de route que Armand a du abandonner du à un problème avec les chiens. J'en suis bien attristé. De mon coté, j'hésite aussi à jeter l'éponge. Mais il faut continuer. Je vais tenir.
Megève fut un bonheur total. Tout s'est bien passé. Les chiens ont travaillé comme jamais. Les spectateurs étaient venus nombreux pour nous encourager. La piste n'était pas compliquée à gérer. Et au moins j'ai pu retrouver confiance sur mes patins pour continuer.
Pralognan fut difficile car le dénivelé était vraiment important. Vito mon wheel dog présente des problèmes. Il court avec les pattes arrières écartées. Ce n'est pas normal. Je termine l'épreuve dans un temps plus que correct. Je suis drôlement content. Je ne pensais pas que nous allions monter si haut. Les vétérinaires inspectent mon chien. Il ne pourra plus courir , une boule importante au niveau de la prostate le rend inapte à la course. C'est un gros coup dur. Car je n'ai plus la puissance pour continuer. Dois je abandonner encore. Non, je vais gérer les chiens du coup comme je peux.
La plagne fut extrêmement difficile. Il fallait gérer 14 virages en épingle à cheveux en dévers. J'ai de la chance car dans les virages les plus difficiles où j'ai chuté, j'ai toujours eu quelqu'un pour me recevoir et reprendre les chiens avant qu'ils ne se sauvent. Moralité j'ai fini l'étape entier mais rempli de bleus un peu partout. Le moral en a pris un coup encore. mais il faut se battre contre soi même pour continuer. 
Nous partons ensuite en Maurienne où soit disant les pistes vont être plus plates. Je ne sais pas qui a dit ça mais je trouve que le dénivelé est encore phénoménal. L'ascension du mont Cenis fut magistrale. Les chiens ont fait leur meilleur jour. 51 km de galop quasiment tout le temps. Je suis épaté. Il faut faire le bivouac maintenant. Tous les mushers se sont regroupés au niveau du refuge pour passer la nuit en tente par -17 degrés. C'est magique . Nous sommes sous la pleine lune . La vue est incroyable. Minuit, je casse la fermeture éclair de mon sac de couchage. Une catastrophe. Le froid passe partout. Je suis gelé. Plus moyen de dormir. 4h du matin je me lève pour faire un footing pour me réchauffer. Il faut atteindre les 6 h du matin pour que le refuge ouvre les portes afin de se réchauffer et manger. Le retour vers la station n'était pas si évident car il fallait descendre le col à pleine vitesse en freinant les chiens comme on peut avec le tapis.
Retour dans le revard . Il nous faut faire 2h30 de route pour aller sur le site. Pas dormi des masses. L'étape de la Féclaz se fera dans un état de fatigue intense. Aussi comme enfin nous sommes sur des pistes de ski de fond, je laisse les chiens travailler et prend un peu de repos si on peu dire. La piste se distingue des autres par une difficulté particulière. Un mur de 60 degrès. Sur 100 m. Une véritable escalade.
Il faut faire la route dans l'autre sens et revenir dans la Maurienne. Les deux dernières étapes furent magistrales. Les pistes étaient remarquablement bien préparées. D'une beauté inouïe. Maintenant il faut que les chiens tiennent jusqu'au bout. Le problème est que leur fatigue augmente et que leur appétit a diminué. Les chiens de tête ne mangent plus. Thor et Pirlo sont en difficulté.
La dernière étape a été faite à la ramasse. Il faut partir en mass start, c'est à dire tous les attelages en même temps. Mes leaders ne veulent pas avancer. Je les change à tour de rôle. Les chiens ne veulent plus avancer. Vais je devoir abandonner en plein milieu de la dernière étape ?
Je tente de remettre Pirlo et Thor en tête. Je vais freiner avec mon tapis de frein de façon à ce que les chiens de queue ne viennent pas doubler les chiens de tête. J'avance ainsi 20 km. Ça marche. Lentement mais surement. L'étape devait faire 44 km mais une erreur des organisateurs fait qu'elle fait 52 km réellement . J'arrive au niveau des 44km, et de nouveau les chiens stoppent. Plus moyen d'avancer. Que faire  ? abandonner ? Je tente de les snacker. J'ai acheté des steaks hachés.  Ca va, ils vont mieux. Nous repartons. J'arrive à rattraper un attelage lui aussi en peine. Bonneval sur arc est à l'horizon, je vois l'arrivée. Stark se couche. Nous sommes à 1 km. Abandonner ? non. Je charge le chien dans le sac du traineau. Les 5 autres viennent à tirer l'ensemble courageusement. 200 m avant la ligne d'arrivée, je remets Stark qui ne pense qu'à courir et finir la course.
Nous passons la ligné d'arrivée ensemble. Le bonheur est intégral. Les 6 chiens de l'équipe aboient à tue tête comme pour marquer leur joie d'être arrivés au bout. merci à eux, ils m'ont amené à cette victoire sur moi même. Cette course, voilà des années que je désirais y arriver alors que tout le monde me disait que c'était pas possible. Maintenant nous y sommes, nous sommes FINISHER

Un grand merci à tous les organisateurs. Spécialement à Thibaut Branquart, Camille, Olivier Anabelle. Aux vétérinaires. Daniel, Claude.
Un merci particulier pour mes deux Handlers. Christine mon épouse et Thierry Brouez qui a été d'une aide précieuse. Je dois bien avouer que sans eux je n'y serais pas arrivé.




2 commentaires:

  1. formidable ! tu est un hero! bravo les chiens!!!!!

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  2. Bonsoir M. Metier. Bravo pour votre course, vos chiens courageux... et votre commentaire très intéressant et instructif. Si vous m'envoyez un mail, je peux vous envoyer quelques photos de votre attelage prises lors de la mass start. Bonne continuation.
    Luc Vanhay

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